Démonstration de la théorie des avantages comparatifs de David Ricardo




Hypothèses:

-Une situation de plein-emploi dans les deux pays
-L'immobilité des facteurs de production
-Des salaires identiques dans les deux pays


Portugal
Royaume-Uni
Drap
12h
3h
Vin
8h
6h

A première vue, le Portugal est absolument plus cher que le Royaume-Uni pour ces deux produits.

Pourtant, Ricardo va démontrer en calculant les prix relatifs que les deux pays ont intérêt à échanger:

Prix relatifs
Portugal
Royaume-Uni
Drap en vin
1,5
0,5
Vin en drap
0,66
2

Explication des calculs:
Pour le Portugal
Prix d'une unité de drap en unités de vin: 12/8=1,5
Prix d'une unité de vin en unités de drap: 8/12=0,66

Si le Portugal se spécialisait dans le vin et le Royaume-Uni dans le drap et commerçaient, les deux pays seraient gagnants:

Portugal
Royaume-Uni
Niveau mondial
Etat d'autarcie
1 unité de vin
1unité de drap
1 unité de vin
1 unité de drap
2 unités de vin
2 unités de drap
Commerce Ricardien
20h/8h=2,5 unités de vin
9h/3h=3 unités de drap
2,5 unités de vin
3 unités de drap

Pour se procurer le produit dont ils ont abandonné la production, les draps pour le Portugal et le vin pour le Royaume-Uni, les deux pays auraient recours au commerce international ferait de cet échange un "jeu à somme positive" pour les deux parties.
Au niveau mondial, avec le même nombre d'heures de travail (12h+3h+8h+6h=29h), la production totale est plus importante. L'application de cette théorie à tous les pays garantirait donc la croissance mondiale. (Ricardo veut éviter l'Etat stationnaire, la croissance nulle)


Remarques:

-La théorie des avantages comparatifs repose sur trois hypothèses qui ne correspondent pas à la réalité.
-Elle ne fournit aucune explication sur l'origine des différences de prix et des différences de productivité d'un pays à l'autre.
-La spécialisation des pays évolue, les avantages comparatifs ne sont pas statiques. Par exemple, le Royaume-Uni spécialisé dans le textile passe à la sidérurgie au XIXème siècle.
-Les échanges intra-branches, c'est-à-dire les échanges de produits de nature identique fabriqués pour des coût identiques entre les pays, existent (ex: voiture).
-Certains pays sont spécialisés dans des secteurs géostratégiques (aérospatial, armement, énergie, pétrole, agroalimentaire …), tous ne sont pas à égalité.
-La spécialisation peut être source de chômage. D'une part, elle pose le problème de la reconversion des salariés de l'activité abandonnée (chômage frictionnel) et d'autre part celui de la capacité d'absorption de la main d'œuvre du secteur abandonné par le secteur de spécialité (chômage structurel).
-D'autres économistes ont prolongé cette théorie. Stuart Mill introduit le prix international qui résulte de la confrontation de l'offre et de la demande mondiale du bien. Elle a également fait l'objet de test dont le plus connu est celui de Mac Dougall qui en 1951 démontre que 20 types d'échanges sur les 27 testés qui ont eu lieu durant l'année 1937 entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, obéissent à ce modèle.
-Les théories du commerce international plus récente s'écarte de la notion d'avantage comparatif au profit de celle de l'avantage concurrentiel. Les entreprises multinationales organisent leurs différents réseaux (production, distribution et recherche) à l'échelle mondiale. Les échanges entre les différentes entités d'un groupe répondent à une logique de compétitivité globale. Le concept d'avantage concurrentiel rend compte de cette évolution qui entraîne des échanges de produits similaires entre des pays de développement équivalent. Seuls les échanges entre pays de développement différent ou l'échange de ressources naturelles obéissent toujours au principe de l'avantage comparatif.